🧭 Un retour sur le chemin

 


Avec maintenant un peu de recul, je prends le temps de voir ce qu'il s'est passé, ce que m'a apporté le chemin...


A court terme, j'ai repris le boulot, le sentiment premier est que je n'ai aucune nostalgie, j'ai terminé mon camino au km 0 à Faro et comme je l'avais prévu le trajet vers Muxia, qui plus est, parcouru calmement en 2 jours, m'a permis de quitter le chemin progressivement.


Quittant Muxia, la chose la plus dur à faire fut de quitter Marlène, la plus belle rencontre de ces trois ans de camino qui arrivera pile au bon moment, comment aurai je pu finir ce chemin seul, qui plus est avec une personne si complémentaire.

Bref, intérieurement je suis serein, reste à voir  les retombées du chemin à plus long terme...


Éte 2022 Saint jean pied de port > Burgos :



En trois mots: 

impatience, erreurs, apprentissage.

Ça fait un an que je prépare ce chemin, un peu plus que je le fantasme, du coup au matin du départ de la première étape au pieds des Pyrénées, je pars beaucoup trop tôt, mais même si physiquement j'en chie, ça y est j'y suis et avec le jour qui se lève enfin viens les premiers paysages et les premières sensations de plaisir.

J'arrive étonnamment pas si fatigué.

Deuxième jours: sac définitivement trop lourd, je fait une double étape pour arriver a Pamplona ou je le delesterai de presque 3 kg de choses inutiles, première leçon, je le savais pourtant mais il y a des choses qu'on doit se prouver par soit même des fois...

Autre constat, je me suis abîmé les pieds avec de sales ampoules qui me fatigueront la vie jusqu'à Burgos, cerise sur le gâteau je m'abimerai une cheville a la descente de l'alto del pardon.

A côté de ça, la multiplicité des rencontres : origines et des langues, commencer à faire des phrases mélangeant français, anglais et espagnol !

Discuter en anglais avec quelqu'un et se rendre compte au bout d'un moment qu'il est français...

Humainement très enrichissant, je me régale.

A la fontaine à vin d'Irache, bien qu'entouré, je fête seul intérieurement le fait que je me considère enfin comme un PÉLERIN !

La suite du chemin sera mieux maîtrisé, marchant de manière plus naturel, la ou parfois j'étais dans la performance voir la lutte contre le chemin.

A l'arrivée à Burgos, je ne peux que constater une chose: mon état physique, il va falloir que j'apprenne à ne plus violenter mon corps.

 moralement: putain c'était génial !


Éte 2023 Burgos > Ponferrada 



De bonnes résolutions prises: poids du sac bien plus raisonnable et maitrisé, j'ai pris le parti de. préparer mes pieds un mois avant le départ, j'ai acheté des sandales de meilleurs qualité (des Keen), les autres étant en parti responsables de l'état de mes pieds l'année dernière.

Je pars de Burgos à la descente du bus, l'envie tenaillé au corps, un pas mesuré, avec en tête la Meseta, cet espace plat et désertique, dont on m'a tant parlé, certains la craignent, moi elle m'intrigue, vraiment curieux de la parcourir, d'autant que j'ai découvert en préparant le chemin qu'il y avait des cartes joker sur le chemin: les variantes.

Je comprendrais qu'un an plus tard, un mois après être rentré à la maison et avoir fini ce camino frances, qu'en fait si je me sentais si bien sur cette Meseta, c'est que je me sentais chez moi sur le chemin, à la place...

Que dire, partie globalement maitrisé, physiquement rarement exigeante , très peu de dénivelé ou rarement, donc je profite d'autant plus du chemin. 

Moralement, la tête et les jambes étant liés, bah tout va bien les quelques "galères" je les affronte soit avec la niak, ou de façon pragmatique soit carrément avec humour, rien ne peut m'abattre.

J'arrive a Ponferrada "vainqueur", vivement l'année prochaine: la dernière !


Été 2024 Ponferrada > Santiago > Faro > Muxia 

Quel impatience !

Un an à préparer cette dernière partie, faire et refaire mon sac jusqu'à un contenu et un poids satisfaisant, jusqu'à la Première erreur: j'emporte trop de bouffe, je passerai les 3 jours suivants à en consommer le plus possible et à transférer dans ma besace...

L'arrivée à Ponferrada, état d'esprit comme à la maison, même Albergue qu'à mon départ l'année dernière.

Départ au matin: enjoué, avec à l'esprit la mesure, rythme naturel. Tout ira bien les jours suivants jusqu'à l'ascension vers O cebreiro qui sera un véritable calvaire, une fois de plus, un pas après l'autre et j'y arrive, mais ce sac est trop lourd, au départ d'O cebreiro j'élaguerai dans la bouffe, c'est déjà plus raisonable, et dans les jours qui suiveront je m'attacherai à vider les stocks.

La Galice est verte, nivelé mais réellement physique à de rare occasion, côté morale et état d'esprit j'aborde le chemin de manière sereine, des rencontres, parfois intéressantes, parfois décevantes...

Il faudra le déclic de l'approche de Santiago pour commencer a vraiment ressentir que des choses sont en train de changer en moi, ce bivouac la veille de l'arrivée a Santiago ou tout me paraît facile, ou je le sens bien, l'installation de mon campement me paraît logique et le temps que j'y passe sans encombres.


Et viens Santiago ou le chemin va me remettre à ma place, j'avais décidé de " snober" la Ville : je passe à la cathédrale, je fais tamponner ma crédentiale et je poursuis mon chemin dans la foulée...

Dans les faits: j'arrive sur la place de la cathédrale et... Une émotion monte sans que je ne comprenne pourquoi, je respire un bon coup pour ravaler une larme, sérieux !?

Je traine un peu, regarde un peu autour de moi pour trouver un lieu où faire tamponner ma crédentiale, un pèlerin me conseille le bureau des pèlerins, ok.

Sur place je récupère le dit tampon et... Une Compostella, moi qui ne voulait pas de ce "diplôme"...

Quand je suis arrivé au bureau on m'a donné un document sans précision: je fais parti des 10 premiers arrivants ce matin ce qui me donne droit a un repas dans un grand hôtel a 13h, bref tu reste a Santiago cette nuit mon gars !

Message reçu le chemin, je vais prendre ça comme une leçon d'humilité...

Suivra ma route vers Fisterra et le point Km 0, véritable fin de mon camino sur ce chemin:

Le soir même à Vilaserio je rencontre Marlène, on échange quelques mots, et le lendemain matin décidons de partir ensemble, il s'avéra qu'on marche très bien ensemble, qu'on s'entend très bien, et le temps passant nous rendons compte que nous sommes plutôt complémentaires.

Une jolie amitié naissantes et on loue régulièrement cette rencontre chacun de nous souhaitais de son côté pouvoir terminer notre camino en compagnie de quelqu'un, merci le chemin...

On se portera mutuellement jusqu'à Fisterra, la simple vue de la mer libérera beaucoup de choses en moi, des émotions mélange d'envie et d'appréhension, et l'arrivée à Faro km 0, se fit comme je le pensais en libérant tout ce qui pesait en moi d'un seul coup, cette fois ci je ne chercherai pas a retenir quoi que se soit, et si une fois fait j'ai l'impression d'être complètement nu, vide, je me sentais aussi plus léger, j'avais accompli mon chemin, et pas seulement parcouru des kilomètres, un sentiment d'accomplissement...

À partir de là tout fût simple, aucune nostalgie, j'étais bien, à ma place, quasi intouchable...

Les deux jours vers Muxia furent l'occasion de faire mon deuil du chemin.

À mi chemin à Lires, bien que toute la journée je me sois bien senti, étrangement lors du repas du soir dans un restaurant je commencer par être négatif et je vais casiment m'écrouler, me sentir mal, heureusement que Marlène était la.

Et le simple fait de quitter ce restaurant je retrouverai les esprits, je n'avais jamais ressenti ça comme si le lieu où quelque chose dans ce lieu m'avait agressé, étrange...

La soirée de retour à l'albergue j'étais de nouveau serein...

Le chemin vers Muxia, arrivée au sanctuaire et ce deuxième Km 0 en dehors de signer les derniers kilomètres de marche sur le chemin, n'eu pas d'autres effets qu'une fin d'étape: j'avais quitté le chemin et j'étais pleinement en paix avec ça.

Suivra le retour à la maison, tout allait bien.

Seul réflection depuis mon arrivée a Faro, qu'elle nécessité de parcourir par la suite un nouveau chemin, au vu de la force de ce que j'aurais vécu sur le camino frances, quid d'un éventuel sentiment de redite, d'une volonté vaine de recherche de ce que j'ai déjà vécu ?

Je vais laisser le temps faire, en gardant éventuellement sous le coude le camino Portugais par la terre...


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